Si 29 arrivées du Tour ont été jugées à l’Alpe d’Huez depuis 1952, le Critérium du Dauphiné n’y a fait étape qu’une seule fois, en 2010 (victoire d’Alberto Contador). Pour son retour dans la station samedi 10 juin prochain, le peloton ne prendra pas l’itinéraire habituel. Seuls les 4 derniers kilomètres seront identiques. La variante proposée, en passant par le col de Sarenne dans le sens inverse par rapport à l’édition 2013, ouvre des perspectives à ceux qui voudront bousculer la hiérarchie.
L’idée a eu le temps de mûrir. Pendant le mois de juillet 2013, la centième édition du Tour de France proposait de revisiter l’Alpe d’Huez, avec une étape empruntant à deux reprises la célèbre montée aux 21 virages. Pour réussir cette boucle, il fallait trouver le moyen de replonger dans la vallée de l’Oisans après la première ascension. Aucune route ne le permettait auparavant, mais la réfection de la route du col de Sarenne a ouvert de nouveaux horizons, au prix d’une descente assez technique. Mais ce jour où Christophe Riblon allait chercher sa deuxième victoire d’étape sur le Tour, Gilles Maignan voyait déjà avec un coup d’avance le potentiel de cette route… en l’abordant, pourquoi pas, dans le sens de la montée ! « J’ai gardé cette idée en tête, puis l’opportunité de retourner à l’Alpe d’Huez s’est présentée, et nous avons tous pensé que c’était intéressant de tester ce nouveau format, explique le responsable sportif du Critérium du Dauphiné. Avec ce changement, il y a au total 19 kilomètres de montée dans le final, avec des passages très sélectifs et des cassures de rythme, puisqu’il faut à un moment redescendre pour aller chercher les 4 derniers kilomètres que tout le monde connaît. Je suis à peu près sûr que c’est plus difficile que l’ascension traditionnelle ».
La grande explication entre les favoris pour le titre pourrait tout à fait se jouer sur les pentes menant au col de Sarenne, qui se prêtent particulièrement à un écrémage massif si les hostilités sont déjà lancées dans les côtes qui se profilent dès la sortie de Bourg-d’Oisans et le passage au Barrage du Chambon. Les scénarios sont infinis en fonction de la hiérarchie qui aura été établie sur le chrono de Bourgoin-Jallieu puis après s’être écharpés sur le Mont du Chat, mais le terrain se prête à l’action pour les ambitieux : « Peut-être que le contre-la-montre aura donné l’avantage à un rouleur comme Froome ou Porte, imagine Maignan. Mais il ne fait que 23 kilomètres. Alors il y aura forcément un coup à jouer pour des attaquants comme Contador ou Bardet. D’ailleurs, Froome pourrait aussi avoir intérêt à montrer à ses adversaires qu’il est bien à son meilleur niveau sur ce genre de montées. » Pour autant, quel que soit le verdict de cette bataille des cimes en perspective, tout ne sera pas joué à l’Alpe d’Huez, puisqu’il restera 24h jusqu’à l’arrivée finale. L’architecte du parcours précise d’ailleurs que « sur les 115 kilomètres de l’étape du Plateau de Solaison, il n’y a pas un mètre de plat. Ça peut se transformer en véritable chantier ! » ASO
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