Un quart de siècle après les derniers succès de la première génération d’Escarabajos, l’équipe Manzana Postobon signe son retour sur La Vuelta. Avec une ambition intacte : celle de mettre le feu à la course.
Le retour des Escarabajos, ces frêles mais enthousiasmants grimpeurs colombiens qui avaient pris le Vieux Continent par surprise dans les années 1980, s’est trouvé un nouveau symbole : dimanche, à Nîmes, Manzana Postobon fait son retour sur La Vuelta. Un quart de siècle après les derniers exploits des Postobon sur l’épreuve espagnole, l’équipe colombienne fait partie des quatre formations Continentales Pro invitées par l’organisation pour cette 72e édition, au côté d’Aqua Blue Sport, Caja Rural et Cofidis.
L’entreprise de boissons gazeuses Postobon avait marqué La Vuelta au tournant des années 1980-1990. Quelques-uns des noms les plus célèbres du cyclisme colombien ont brillé sous ses couleurs – Lucho Herrera a notamment remporté le classement de la montagne de La Vuelta en 1991, année qui l’a également vu s’offrir un deuxième succès aux Lagos de Covadonga si chers aux Escarabajos (Oliverio Rincon et Nairo Quintana s’y sont également imposés sur La Vuelta).
Aujourd’hui, c’est une nouvelle génération de jeunes coureurs qui traversent l’Atlantique pour découvrir La Vuelta, encadrés par le Portugais Ricardo Vilela et le Néerlandais Jetse Bol, qui ont eux déjà participé à un Grand Tour. Vainqueur de deux étapes sur la Volta ao Alentejo au printemps, Sebastian Molano vient faire parler sa pointe de vitesse sur la poignée d’étapes dévolues aux sprinteurs. Les autres sont attendus à l’offensive dès que la route s’élèvera.
Ce retour est aussi un nouveau départ. “Pour nous, être à La Vuelta, c’est immense”, explique Oscar de Jesus Vargas, aujourd’hui directeur sportif après avoir porté haut les couleurs de Postobon sur l’épreuve espagnole dans les années 1980 (3e du classement général en 1989). “Après une longue parenthèse, l’équipe a été relancée il y a trois ans et nous avançons à pas de géants”, se réjouit-il. Après avoir réintégré la division Continentale Pro cette année, les Postobon du XXIe siècle s’apprêtent à disputer leur première épreuve de trois semaines. “Cela représente une grande responsabilité parce que l’organisation nous a retenus et parce qu’on a été acteurs dans toutes les courses qu’on a disputées cette année”, explique le directeur sportif.
Nouveau départ, mais pas de révolution pour autant. À la tête d’un effectif peu expérimenté, Oscar de Jesus Vargas formule une promesse fidèle à l’héritage de ceux qui ont ouvert la voie à un cyclisme colombien aujourd’hui auréolé de succès : “Je veux dire aux fans qui se souviennent des Escarabajos que ce nouveau projet vient avec l’ambition de s’inscrire dans la durée et d’offrir du spectacle. On va se battre tous les jours.”
Dans la ligne de mire des Manzana Postobon : une victoire d’étape. “Nous avons des adversaires très forts, très expérimentés”, se projette Oscar de Jesus Vargas. “Ce ne sera pas facile mais il faut se fixer des objectifs et ne pas courir comme un poulet sans tête.”
C’est ainsi, sur ces mêmes routes espagnoles, que lui-même a connu ses plus beaux succès comme coureur – “ma victoire au classement de la montagne en 1989 et la victoire de Lucho Herrera en 1987, quand j’ai fait cinquième pour ma première participation à 23 ans, sont des souvenirs inoubliables” – avant de nouer “une relation spéciale” avec l’Espagne, sa “deuxième patrie” : “J’ai vécu dix ans à Barcelone, j’ai la double nationalité colombienne et espagnole…“ Malgré une longue absence, les Manzana Postobon n’arrivent décidément pas en terre inconnue.